samedi 16 août 2014

Omelette du fromage


Bonjour. Ceci est un gif du Laboratoire de Dexter qui a permis à bon nombre de non-francophones de se trouver une accroche tout à fait convenable quand ils parlent à des français(e)s. Oui, j'ai croisé des gens qui nous ont crié "Omelette du fromage !" dès qu'ils ont su qu'on était françaises. Même si ça n'a pas vraiment de sens. Et ça ne sert à rien de leur expliquer qu'on dit "omelette au fromage", ils sont vraiment contents de leur babillage.

Bref.

On est le 16 août 2014, c'est le deuxième anniversaire du massacre de Marikana. Pour ceux qui n'ont pas suivi l'actualité sud-africaine en 2012, c'est une grève de mineurs qui a mal tourné. Les mineurs demandaient une hausse de salaire (je crois qu'ils voulaient passer de 4000R à 12000R, environ, c'est-à-dire de 300€ à 850€), leur syndicat et leurs patrons refusaient de discuter. Les mineurs ont passé plusieurs jours sur une montagne, puis la police a décidé de "tuer la rébellion" le 16 août. Ils ont envoyé des milliers de policiers ainsi que des vans mortuaires et ont commencé à encercler les mineurs. Les mineurs ont voulu quitter la montagne, en chantant, pacifiquement, quand les policiers ont commencé à tirer sur des mineurs. Des mineurs qui se rendaient, qui levaient les bras, qui n'étaient pas ou peu armés. 34 mineurs sont morts, beaucoup ont été blessés, des centaines ont été poursuivi par la justice pour "meurtre". La police a affirmé qu'elle avait agi en légitime défense, aucun policier n'a été poursuivi.
On a regardé un documentaire sur Marikana hier en cours de sciences politiques (Miners shut down). On entend les mineurs dire qu'ils sont tués par leurs frères, des policiers noirs et pas très bien payés, pour le bénéfice des propriétaires des mines. On voit les policiers retourner des cadavres avec leurs bottes et laisser ceux qui respirent encore la tête dans la boue, au milieu de leurs collègues morts. L'ambiance était pesante, un peu comme quand on regarde un film sur la Shoah en cours d'histoire, en moins monstrueux mais en plus proche. Une fille est sortie de la salle en pleurant. Peut-être qu'elle connaissait quelqu'un mort ou blessé à Marikana. Peut-être que c'était juste trop dur à voir.
Le journal de la fac, cette semaine, a mis en Une "Pay dispute endangers students". C'est à propos des gardes qui sont censés patrouiller autour du campus mais qui sont régulièrement absents parce que leur paie n'est pas suffisante. Il y a des interviews d'élèves qui disent qu'ils se sentent en danger à cause de ces absences. Il est aussi écrit que les gardes sont payés 29R par nuit de garde, c'est-à-dire 2€ pour 12 heures de travail. Mais c'est vrai, la sécurité des étudiants quand ils quittent la bibliothèque à 23h est plus importante.

A part ces bonnes nouvelles de l'économie sud-africaine, que dire ?
Je vais bien, je finis ma quatrième semaine de cours, j'ai déjà écrit deux essays et j'en ai deux pour la semaine prochaine. J'ai d'ailleurs eu 75% à mon premier essay, ma fierté est infinie.
Depuis hier soir il pleut, il bruine, pour être précise, et c'est la première fois depuis que je suis arrivée (il y a un mois).
Le week-end dernier j'étais à Oppikoppi, un gros festival afrikaner dans les collines du Limpopo. Morgane a conduit 6 heures à l'aller, à peu près autant au retour, on a passé une heure à zigzaguer dans le centre de Johannesburg pour trouver l'autoroute, on s'est perdues 4 fois, on a fini par trouver le festival en suivant des voitures qui, peut-être, y allaient aussi. On a finalement réussi, et, sachant que c'était la première fois que Morgane conduisait à gauche, c'était quand même vraiment pas mal. Ensuite c'était plein d'afrikaners bourrés, de musique et de poussière, soit plutôt cool. J'ai vu Aloe Blacc et Wolfmother et découvert quelques bons groupes : BCUC, Beatbox Campus et The Fishwives. Je me suis aussi fait couper les cheveux gratuitement à un stand Rayban, et je regrette même pas !

Sur ce il ne me reste qu'une demi-heure pour prendre une douche avant d'aller acheter du fromage au Neighbourgoods market avec les filles de l'International House, donc je vais chercher quelques photos pour illustrer tout ça et je me taille.
See you !

Selfie dans la voiture. De gauche à droite : Morgane, Alice, moi et Elly.

 Vues du Limpopo :

Le destin de mes cheveux, tombés à Oppikoppi. RIP.

dimanche 3 août 2014

The South-Western Townships

Évidemment, quand on veut visiter Johannesburg, Soweto est un passage obligé. Pour les gens qui restent deux jours à Joburg, il y a la visite touristique dans un bus qui fait le tour de Soweto, mais on voulait faire un truc un peu plus authentique que ça.

Et puis il y a une semaine on a rencontré un groupe de mecs dans un bar, qui nous ont dit qu'ils allaient voir un match de foot à Soweto ce week-end, et que si on était intéressées on pouvait venir. Dis comme ça ça parait peu safe, mais en fait ça va.

On s'est donc donné rendez-vous à Wits pour prendre le taxi tous ensemble (c'est-à-dire un taxi-van, comme ceux qui causent des accidents tous les jours à Johannesburg et dont les moteurs font des bruits bizarre - mais le notre était ok).
Une quarantaine de minutes et quelques bières plus tard on arrive donc à Soweto. Le taxi se gare, on sort, des gens viennent vers nous, apparemment des amis de nos amis. Une femme nous a dit qu'elle laissait sa maison, qu'on pouvait faire ce qu'on voulait, on n'avait aucune idée de qui elle était mais c'était gentil. On a passé un petit moment à discuter au milieu de la route avant de partir en direction de notre premier braai (= barbecue).  Il est 16h30, on a mangé du poulet frit au Neighbourgoods market à 13h, bref je suis pas très chaude pour manger des côtes de porc.

Morgane, Elly, Alice et Kanelle.
On arrive à la boucherie-braai, on s'installe dehors, on discute, on boit des bières (ils ont des tas de chansons à boire incompréhensibles, c'est très impressionnant), en attendant que la viande cuise (ça a beau s'appeler un braai, ça cuit aussi longtemps que n'importe quel barbecue). La viande arrive accompagnée de pap (un genre de purée de maïs) et d'épices, on mange tout ça avec les doigts, et c'est tellement bon que c'est pas très grave de ne pas avoir faim.





Ziggy : c'est un garçon pas comme les autres.

Le soleil se couche sur Soweto, on part retrouver le taxi pour aller au stade. Comme on est un peu plus nombreux que tout à l'heure je m'assois sur les genoux de Kannelle et j'en profite pour compter combien on est dans ce van : 22.
On arrive au stade, on va s'asseoir, le stade n'est pas plein du tout mais les gens sont super motivés. La plupart sont en rouge/blanc/noir, les couleurs des Orlando Pirates, l'équipe locale (que je supportais aussi, parce que mes amis la supportaient et parce que c'est des pirates). Il y a des gens avec des masques tête de mort (pirates obligent), des gens avec des drapeaux, pas mal de gens avec des casques de sécurité pimpé façon pirates (comme celui de notre ami Ziggy que j'ai fièrement arboré (ce qui m'a valu un certain nombre de photos avec des inconnus)), et beaucoup de vuvuzelas.


Les Pirates ont gagné 2-1, on est sortis un peu dans Soweto, et on est rentrées à Wits vers 4h.



Aujourd'hui je m'étais promis solennellement de dormir, de manger quelque chose de sain et léger et de travailler. J'ai dormi, mais ensuite j'ai été réveillée par Lloyd et Kwame qui nous rappelaient que c'était l'anniversaire de Shafee, et comme j'avais promis d'y aller j'ai abandonné le travail et la healthy food pour aller manger un braai sur le toit de la fac.