jeudi 8 janvier 2015

On est tous un peu Charlie

Je veux pas faire de politique, d'éloquence, parler démocratie et liberté de la presse. Plein de gens font ça mieux que moi.
Hier j'ai entendu parler d'une attaque contre Charlie Hebdo. Loin de la France, loin de l'actualité, je me suis juste dit "merde, qu'est-ce qu'il s'est passé". Je me suis attendue à des "ils l'avaient bien cherché" et à des "boutons les musulmans hors de France".
Et puis j'ai commencé à voir un déferlement de soutien sur Facebook, à lire les comptes-rendus écrits en continu, à regarder les interviews de Philippe Val, de l'imam de Drancy, à voir la réaction des médias français, j'ai lu Badinter chez Libé et des caricatures dans toutes les langues en soutien à Charlie Hebdo.
J'ai pleuré. Tout le monde affiche des jolies dessins en soutien à la liberté de la presse et écrit des paragraphes sur l'horreur du fanatisme et la nécessité de rester unis. C'est bien. Moi j'arrive pas trop à intellectualiser, le débat et la nuance viendront, là j'ai juste une putain de boule dans la gorge. Je pleure ces journalistes et dessinateurs de talent qui m'ont fait rire et réfléchir, je m'inquiète pour la presse, j'ai peur que l'humour Hara Kiri devienne une espèce disparue, j'ai peur que la communauté musulmane française s'en prenne plein la gueule comme à chaque fois qu'un connard estampille sa haine "acte religieux", j'ai plus vraiment peur que l'extrême-droite monte, faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'elle atteint déjà des sommets.
J'ai un peu espoir, aussi. Cet attentat a été un choc pour tout le monde. Mêmes peurs, même tristesse. De tous bords politiques, tout le monde est Charlie, tout le monde défend la liberté de la presse, tout le monde souhaite l'union nationale, en refusant l'amalgame musulmans - meurtiers. J'espère ne pas parler trop vite mais je suis fière qu'on n'appelle pas à la guerre contre la terreur, fière de voir des manifestations qui s'organisent en France et à travers le monde, fière que la presse française se montre courageuse et motivée à défendre sa liberté d'expression.
France, je pleure tes blessures et je te souhaite d'en sortir grandie.

mardi 11 novembre 2014

Attention : cet article a été écrit en une veille pluvieuse de partiel. Attention bis : tout y est vrai, tout a été vécu, lu ou entendu.



Il pleut. Les oiseaux ne viennent plus sautiller devant ma fenêtre. Que font les oiseaux quand il pleut ? Ils ne vont pas migrer vers le Sud, au Sud c’est l’océan, c’est l’Antarctique. On peut visiter l’Antarctique, il y a des croisières, ça coûte extrêmement cher, ça permet de limiter le nombre de touristes qui viendront pourrir ce petit bout de terre, on a donc le droit de polluer l’Antarctique mais à la condition d’être riche. Les riches Sud-africains ne vont pas visiter l’Antarctique, ils ne vont pas visiter l’Afrique, leur voisinage proche ne les intéresse pas, ils veulent voir New York et Paris. L’Afrique c’est un truc de pauvre, c’est les immigrés sans-papiers voleurs de travail qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes, d’ailleurs on les reconnait parce que leur peau est plus foncée, trop foncée pour être honnête. C’est pas parce qu’on s’appelle Afrique du Sud qu’on fait partie de l’Afrique, d’ailleurs, quand on compare les pays africains on voit bien la différence, quand on laisse les Africains faire eh bien on n’a pas de feux rouges et pas d’élection libre. Mais ils sont contents de leur nation arc-en-ciel, les Sudafs, Mandela est une idole conventionnelle, il y a bien de temps en temps un graffiti pour se souvenir de Biko et de sa Black Consciousness, mais enfin c’est juste du vandalisme, on est une démocratie maintenant. La nation arc-en-ciel, c’est pratique, ça veut quand même dire qu’on n’a pas besoin de se mélanger, que tant que les couleurs vivent les unes à côté des autres on constitue une nation. Même pas besoin d’avoir un très bon ami d'une autre couleur pour ne pas être raciste, pas besoin de se côtoyer et de se connaitre, du coup personne ne sait trop comment les autres fonctionnent, les filles noires me demandent ce que je fais à mes cheveux quand ce sont juste des cheveux naturels de blanche, et les filles blanches touchent les cheveux de Kannelle parce que, dans un pays composé à 80% de Noirs, c’est vrai que c’est étonnant de voir des cheveux crépus. J’exagère, il y a bien du brassage racial : le matin dans les quartiers riches les employés de maison noirs croisent les joggeurs blancs, et le soir au pub les businessmen blancs se font servir leur bière par des serveurs noirs. Une camarade (noire) de mon cours de socio disait que les rares fois où elle sortait dans des bars de Blancs, les clients l’interpelaient à chaque fois qu’elle se levait pour lui demander un nouveau verre ou l’addition ; une Noire dans un bar de Blancs, ok, mais alors qu'elle soit serveuse. « Le natif devrait seulement être autorisé à pénétrer les zones urbaines, qui sont essentiellement la création de l’homme blanc, quand il veut pourvoir aux besoins de l’homme blanc, et devrait ainsi les quitter quand il arrête d’y pourvoir. » Charles Stallard, 1921.

On dirait qu'il y a plus d'averses que d'arcs-en-ciel.

lundi 6 octobre 2014

Ça fait quoi de vivre à Johannesburg ?


Les gens, les inconnus, les voisins, qui disent Hi ou Howzit dès qu'on les croise. Les sirènes de police qui retentissent tous les jours, plusieurs fois par jour, qui font des bruits de fête foraine. Perdre l'habitude de marcher, de sortir seule, d'utiliser les transports en commun. Prendre l'habitude de ne voir que des Noirs qui nettoient les couloirs et qui vident les poubelles. Le soleil tous les jours, le ciel immense et bleu. Commencer à penser en anglais. Voir l'apartheid affleurer partout, tout près de la surface, pas bien cicatrisé. Pas de décalage horaire mais un décalage quand même, pas les mêmes saisons, pas les mêmes vacances. Les prénoms africains qui sonnent comme une suite de syllabes insensée et qu'il faut quand même retenir, très vite, par dizaines. Des tas d'oiseaux différents pour remplacer les pigeons. Les mêmes questions, ad nauseam. Why South Africa ? How is it so far ? Are you all romantic in France ? Les couchers de soleil sur la ville, rose et orange. Les gens qui marchent lentement, un rythme difficile à tenir. L'amitié gratuite, l'amitié a priori, trente secondes de conversation et that was nice meeting you. Un grand campus avec une piscine, des stands promotionnels et des arbres en fleurs. La frustration de ne pas savoir tout dire en anglais, de chercher ses mots et de faire dans l'à-peu-près. S'habituer à penser racialement et à renseigner sa race dans les formulaires. Les cours qui finissent souvent à 14h, les cafés qui ferment à 17h, et puis la nuit qui tombe juste après. Pouvoir dire si les cheveux d'une fille noire sont vrais ou faux, remarquer que 9 fois sur 10 ils sont faux et en tirer des conclusions sur les standards de beauté. L'adhésion massive à l'ANC, l'adhésion fière, qui se voit partout. Diviser les prix par 14, pour comparer, et puis arrêter de comparer parce qu'on sait ce que valent les choses. Être appelée Petronella. Essayer de suivre l'actualité alors qu'on manque de contexte, d'historique. Parler de robots et pas de traffic lights, de braai et pas de barbecue. Avoir des amis blancs qui embauchent des personnes noires pour laver leurs chiens. Les gens qui savent danser, qui osent danser. L'esprit révolutionnaire. Hier on a vu la fin de l'apartheid, demain ça peut être bien plus. L'été qui arrive.


On donne des cours de photo et des appareils jetables à des gamins des rues, on transforme leurs photos en carnets et en coques d'Iphone et on leur reverse les bénéfices. Ça s'appelle "i was shot in joburg :)"

dimanche 21 septembre 2014

Spring Break : retour en Afrique du Sud

On a donc fini nos Cocas et repris la route pour repasser en Afrique du Sud. Grâce au Routard on avait repéré une auberge de jeunesse à Kosi Bay qui avait l'air vraiment cool, et on avait vraiment envie de voir la mer, alors on est parties gaiement en se disant que 4 heures de route c'était surmontable.
On a fait nos 4 heures de route. Et puis au milieu de nulle part, vers 22h, on a commencé à manquer d'essence. La première station service qu'on croise est fermée, et puis, miracle, 15km plus loin on en trouve une ouverte. La très aimable pompiste nous fait comprendre qu'ils ne prennent pas la carte bleue, on compte un peu notre argent et on lui dit "Ok c'est pas grave mets-nous un plein quand même !" Et avant même que le réservoir soit plein ça dépasse notre budget. Il nous manque 60 Rands (4 euros). Même en comptant toutes nos petites pièces. On cherche donc une solution, écoutez chère madame c'est tout l'argent qu'on a, on peut vous donner l'équivalent de 60 Rands en monnaie du Swaziland, mais c'est tout ce qu'on peut faire. Elle finit par nous dire qu'on peut trouver un distributeur dans la prochaine ville, dont le nom ressemblait à Banane. On dit ok, on laisse Morgane et Sucheta sur le parking pour prouver qu'on a l'intention de revenir, et on part chercher le distributeur de Bananeville. En fait il s'avère que ce distributeur se trouve dans la station essence que l'on avait vue un peu plus tôt et qui était fermée. Mais il se trouve dedans. Et elle est fermée. Et les mecs de la sécurité nous assurent qu'ils n'ont pas les clefs pour ouvrir la porte et nous conduire au distributeur, et qu'ils n'ont pas de monnaie à échanger contre notre argent swazi. On commence à être très énervées alors en repartant on se dit qu'on va juste donner à notre aimable pompiste l'argent qu'on a et puis partir très vite avant qu'elle recompte. Après quelques minutes de réflexion, je me souviens qu'elle a pensé à noter notre plaque d'immatriculation. Et finir en taule pour 60 Rands d'essence impayée ce serait quand même con. Du coup retour en plan initial : on va juste leur lécher les bottes pour éviter d'avoir à passer la nuit sur le parking d'une station essence. On parlemente un peu, jusqu'à ce que notre chère pompiste se décide à nous dire qu'ils ont un appareil à carte à l'intérieur du magasin, mais qu'ils ne sont pas censés l'utiliser la nuit. Donc ça fait une heure qu'on galère en vain, on a conduit 30 kilomètres et essayé de convaincre dix personnes que l'argent du Swaziland c'était bien aussi, parce qu'il nous manquait 60 Rands, et tout ça pour rien ? Voilà.
Et c'est même pas une bonne anecdote parce qu'on n'est pas parties sans payer, qu'on n'a pas eut de course-poursuite avec la police et qu'on n'a pas finit en taule.


Mais c'est pas grave, parce qu'après on est arrivés à Kosi Bay ! Le gérant de l'auberge de jeunesse était adorable, il avait trois chiens trop cool (dont un tellement stupide qu'il va volontairement dans la piscine et se laisse couler sans réagir) et une petite fille qui a probablement passé une mauvaise nuit parce qu'elle a goûté le chili qu'on avait acheté pour notre braai.
Pour faire ce braai on a traversé la frontière mozambicaine (ce qui était notre plan à l'origine, et qu'on a abandonné parce qu'on n'avait pas de visa et que louer un 4x4 coûtait trop cher bien que ce soit le seul moyen de se déplacer au Mozambique) parce que de l'autre côté de la frontière se trouve un marché. C'est le point d'échange entre Afrique du Sud et Mozambique. Il y a des soldats mais sinon ça ressemble juste à un marché très rural avec des tissus africains, des poissons qui sèchent au soleil, des vieilles personnes qui vendent des grigris pour faire de la magie et du vin de palme qui est une boisson immonde, dont l'odeur de faisandé se répand sur tout le marché mais que tu fais semblant d'apprécier quand une femme te tend un bocal de confiture plein de vin de palme pour te faire goûter. On a donc acheté du poisson frais et des légumes au marché, on a laissé les gérants de l'auberge préparer et cuire les poissons pour nous parce qu'on n'était pas bien dégourdies et on a mangé ça tous ensemble au bord de la piscine.

Et puis ensuite on a découvert Kosi Bay à proprement parler, c'est-à-dire qu'on est allées se baigner.
Kikil.

Jeudi soir on est parties pour Santa Lucia, la ville où tout le monde nous conseillait d'aller parce que c'est trop beau et trop fun etc. En fait c'est une ville faite pour les touristes et complètement vide en cette saison de l'année. On a dormi une nuit là-bas, on est allées visiter la grande réserve animalière où on a vu des hippopotames, des crocodiles, des tas d'antilopes bizarres et un léopard, et on est parties pour Durban.

On a d'abord passé une nuit à Bluff, un spot de surf, parce que c'était la seule auberge de jeunesse qui avait encore 5 lits disponibles. C'est le genre d'endroit où les restaurants affichent leur dress code sur la porte : obligation de porter un t-shirt et des chaussures.
Puis on a roulé 20 kilomètres de plus pour enfin atterrir à Durban. On s'est baignées sur des plages pas incroyables, le genre de plage urbaine où un mec avec un t-shirt jaune et un sifflet te force à rester dans un périmètre déterminé, même si tu as encore pied 10 mètres plus loin. Mais on a aussi mangé indien et visité le plus gros marché de Durban qui regorge d'épices (parce que la communauté indienne y est très importante), on est sorties dans des bars où il y avait des êtres humains (après une semaine de Swaziland et de villes désertées c'était plutôt agréable) et on a visité le BAT Centre ; pour les Parisiens ça ressemble un peu au 104, c'est-à-dire que c'est un espace avec des ateliers d'artistes, une bibliothèque, des studios, des cafés, des expos, etc, sauf qu'en plus ici les gens te disent bonjour comme si on était tous collègues et que notre travail c'était de se balader dans un endroit très cool.



En guise de conclusion, que retenir de ce voyage ?
  • Les Sud-Africains ont des goûts étranges en matière de vacances. Tout le monde préconise quelques villes hyper touristiques, avec des arguments comme "il y a un aquapark", et trouve vraiment étrange qu'on ait envie de visiter le Swaziland - qui est absolument magnifique, même si ça manque probablement d'aquaparks.
  • Il y a vraiment beaucoup de choses à voir en Afrique du Sud. J'ai envie de retourner le long de la côte indienne, et je ne suis pas encore allée à Cape Town, au Drakensberg, au Lesotho, dans l'Eastern Cape, sur la Garden route, etc.
  • Do You, Boo. Ou "fais ce qui te rend heureux", à peu près.

mercredi 17 septembre 2014

Le Printemps, les vacances, le Swaziland

Oui, ce titre est une provocation. Septembre en Afrique du Sud ça évoque Spring Break, c'est-à-dire beau temps et voyage. Pendant que vous perdez votre bronzage et retournez en cours. Deal with it.

* * *

 
Lorraine Loots, une artiste de Cape Town, fait un petit dessin pour fourmis par jour. Ces petites fleurs c'était pour le premier jour du Printemps, le 1er Septembre. Le reste c'est par ici : http://paintingsforants.tumblr.com/

Si vous voulez une autre artiste de Cape Town, il y a aussi Adèle Larvoire (c'est une sciencepiste mais ça ne l'empêche pas de faire de très belles photos) : http://adelelarvoire.tumblr.com/

Moi ça me donne envie d'aller à Cape Town, parce que je suis rentrée depuis deux jours et que j'ai déjà envie de repartir en voyage.




* * *

Du coup je vais un peu vous raconter mon Spring Break, avec mes souvenirs imparfaits et quelques photos pour vous rendre jaloux/ses.

On est parties samedi de bon matin, fraiches et pimpantes, dans notre van de location :
Morgane - Kannelle - Moi - Elly -Sucheta
On a traversé le Mpumalanga, la région à l'Est de Johannesburg. Des espaces immenses, beiges et ocres. Un léger relief, mais l'horizon est loin. Parfois un troupeau de vaches brunes, un village en tôle avec ses enfants qui jouent, quelques moutons paresseux, un homme qui marche.


Puis on est arrivées au Swaziland et au Mlilawane Wildlife Sanctuary. On a logé là-bas, et dimanche matin on est parties faire une petite rando dans la réserve. Ça ressemblait un peu à ça :





On a vu des tas d'antilopes, des phacochères, des hippopotames, des crocodiles, des singes et des tas d'oiseaux, mais je vous épargne les photos pour l'instant.

On a ensuite quitté Mlilwane pour l'Est du Swaziland et la réserve de Hlane, où on peut voir les Big Five (lion, éléphant, léopard, rhinocéros, buffle). On a effectivement vu des lions, des éléphants et des rhinocéros, mais aussi plein d'antilopes (après deux jours de réserves il faut avouer que plus personne n'en avait rien à foutre des antilopes), des crocodiles, un hippopotame que l'on entend mugir depuis le restaurant de la réserve, des girafes et un margouya : un petit lézard rose transparent qui est l'animal préféré de Kannelle.



On a repris la route jusqu'au Nord et aux chutes de Phophonya Falls (les experts sont encore divisés sur la prononciation de ce nom : Fofo ou Popo ?), sur des petites routes de terre où on a pu apprécier les suspensions de notre van (c'est-à-dire que j'étais cramponnée au siège de devant pour ne pas faire un bond tous les 10 mètres).
Les chutes de Phophonya, ça ressemblait à ça :
 et ma chute à Phophonya, à ça :

Pour notre dernier jour au Swaziland, mardi, on est allées visiter la clinique et l'école de Jackie, dont Elly avait eu le contact par des amis sudafs. Il y a une vingtaine d'années elle travaillait pour une ONG italienne qui lui a donné le feu vert pour lancer un gros projet au Swaziland. Après consultation du voisinage, le premier besoin était une clinique, puis ils ont ouvert un petit foyer, une école, et aujourd'hui ils construisent un centre de formation. Le foyer accueille surtout des orphelins du Sida, de 3 à 23 ans, l'école sert à tous les enfants du voisinage de 6 à 12 ans, la clinique sert à tous le voisinage et notamment aux femmes enceintes. On a passé quelques heures là-bas, tous les petits ont arrêté leur partie de foot pour venir nous serrer la main et nous dire leur prénom, puis deux garçons de 16 et 18 ans nous ont fait visiter l'école en nous parlant de leurs projets d'avenir, et enfin on bu un Coca avec Jackie, Anke et le docteur de la clinique.

En fin de journée on a quitté le Swaziland pour retourner en Afrique du Sud - et ça fera un deuxième article de blog.



vendredi 5 septembre 2014

FAQochère

Sous vos yeux ébahis, quelques réponses aux questions les plus courantes sur Johannesburg, l'Afrique, vivre la tête en bas, etc.

Sur une échelle de 17 à 64, c'est dangereux comment ?
Au début de mon séjour, quand je parlais de Johannesburg et de sécurité avec des Sudafs, on finissait forcément par dire "It's not that bad". Parce que oui, c'est plutôt mieux que ce qu'on pourrait croire.
Déjà, je me suis rarement sentie en danger. C'est aussi parce qu'on fait un peu attention à ce qu'on fait ; je sors rarement seule, en taxi quand c'est loin et dès qu'il fait nuit. Ce qui est important, niveau sécurité, c'est de connaitre les différents quartiers, ce qui n'est pas évident quand on vient d'arriver. Il y a des endroits où même la nuit on ne craint pas grand chose, comparables à Paris, et des endroits où on entend des coups de feu même un dimanche à midi (vécu). On demande conseils aux Sudafs quand on veut sortir mais une bonne part d'entre eux est un peu paranoïaque, alors on essaie de faire la part des choses en récoltant les infos qu'on peut.
Bref, à retenir : oui ça peut être dangereux, c'est une grande ville où les inégalités sont criantes, il y a beaucoup de vols, mais franchement on survit. En étant un peu prudent, en évitant de marcher seul(e) et la nuit, en surveillant ses affaires, etc, on s'en sort plutôt bien. Je me suis fait voler une fois mon téléphone mais je ne suis pas encore traumatisée.

Qu'est-ce qu'on mange en Afrique du Sud ?
Dans le Kwazulu-Natal je sais pas trop, à Johannesburg rien de très exotique. Le Pick'n'Pay où je fais mes courses ressemble pas mal à un Franprix, avec quelques différences, quand même : plein de curry, de la farine de maïs pour faire du pap, le Rooibos occupe seul le rayon thé, aucun fromage digne de ce nom, etc. J'ai l'impression que le bio est moins développé, le campus déborde de junk food - mais la communauté bobo-hipster est évidemment plus exigeante.
Ce qui est notable c'est que se nourrir et sortir en général est beaucoup moins cher qu'en France (ne comparons même pas avec Paris), alors on peut s'offrir sans problème des repas au resto et des tournées de tequila.
A ne pas oublier : le braai, ou barbecue, qui agirait pour l'union de la nation sud-africaine à en croire un camarade de cours de science politique. Qu'est-ce que ça a de différent avec un barbecue français ? On en fait plus, même en hiver, tout le monde sait le faire (vous rappelez-vous cette soirée chez Guillaume où son père a dû allumer le barbecue pour nous ? Bien), et il semblerait que cela puisse constituer l'aliment de base en soirée. Moi en soirée j'amène une pizza surgelée ou un paquet de pâtes, ici ils prennent des kilos de viande et rien d'autre.  Le gras, c'est la vie. La nation sud-africaine est peut-être arc-en-ciel mais il ne vaut mieux pas être végétarien.

Alors la 3A c'est les vacances ?
Non. J'ai 200 pages de readings chaque semaine, des essays à rendre et des tests où les profs ne se demandent pas si les étudiants en échange ont la même connaissance de la vie politique sud-africaine que les autres.
Mais en fournissant un travail à peu près sérieux, comparable à une semaine de cours normale à ScPo, je réussis à décrocher des notes que je n'ai jamais eues à ScPo (même en histoire). Donc disons que je ne m'inquiète pas trop.

Mais alors tu parles quelle langue ?
L'Afrique du Sud a 11 langues officielles : afrikaans, anglais, ndebele, sotho, sotho du nord, swazi, tswana, tsonga, venda, xhosa et zulu. Globalement, tout le monde à Jobrug parle anglais pour se faire comprendre, même si ce n'est pas la langue maternelle de la plupart des gens (et qu'il est conseillé de connaitre quelques phrases en zulu pour arriver à bon port avec un taxi-van). Donc oui, tous mes cours sont en anglais, j’interagis en anglais, en gros je m'en sors et de toute façon quand je ne comprends pas j'ai ma botte secrète (le plus simple c'est de sourire quand on ne comprend pas. ça marche à peu près).


(J'ai plus d'idées mais je peux toujours répondre à d'autres questions, ok?)

samedi 16 août 2014

Omelette du fromage


Bonjour. Ceci est un gif du Laboratoire de Dexter qui a permis à bon nombre de non-francophones de se trouver une accroche tout à fait convenable quand ils parlent à des français(e)s. Oui, j'ai croisé des gens qui nous ont crié "Omelette du fromage !" dès qu'ils ont su qu'on était françaises. Même si ça n'a pas vraiment de sens. Et ça ne sert à rien de leur expliquer qu'on dit "omelette au fromage", ils sont vraiment contents de leur babillage.

Bref.

On est le 16 août 2014, c'est le deuxième anniversaire du massacre de Marikana. Pour ceux qui n'ont pas suivi l'actualité sud-africaine en 2012, c'est une grève de mineurs qui a mal tourné. Les mineurs demandaient une hausse de salaire (je crois qu'ils voulaient passer de 4000R à 12000R, environ, c'est-à-dire de 300€ à 850€), leur syndicat et leurs patrons refusaient de discuter. Les mineurs ont passé plusieurs jours sur une montagne, puis la police a décidé de "tuer la rébellion" le 16 août. Ils ont envoyé des milliers de policiers ainsi que des vans mortuaires et ont commencé à encercler les mineurs. Les mineurs ont voulu quitter la montagne, en chantant, pacifiquement, quand les policiers ont commencé à tirer sur des mineurs. Des mineurs qui se rendaient, qui levaient les bras, qui n'étaient pas ou peu armés. 34 mineurs sont morts, beaucoup ont été blessés, des centaines ont été poursuivi par la justice pour "meurtre". La police a affirmé qu'elle avait agi en légitime défense, aucun policier n'a été poursuivi.
On a regardé un documentaire sur Marikana hier en cours de sciences politiques (Miners shut down). On entend les mineurs dire qu'ils sont tués par leurs frères, des policiers noirs et pas très bien payés, pour le bénéfice des propriétaires des mines. On voit les policiers retourner des cadavres avec leurs bottes et laisser ceux qui respirent encore la tête dans la boue, au milieu de leurs collègues morts. L'ambiance était pesante, un peu comme quand on regarde un film sur la Shoah en cours d'histoire, en moins monstrueux mais en plus proche. Une fille est sortie de la salle en pleurant. Peut-être qu'elle connaissait quelqu'un mort ou blessé à Marikana. Peut-être que c'était juste trop dur à voir.
Le journal de la fac, cette semaine, a mis en Une "Pay dispute endangers students". C'est à propos des gardes qui sont censés patrouiller autour du campus mais qui sont régulièrement absents parce que leur paie n'est pas suffisante. Il y a des interviews d'élèves qui disent qu'ils se sentent en danger à cause de ces absences. Il est aussi écrit que les gardes sont payés 29R par nuit de garde, c'est-à-dire 2€ pour 12 heures de travail. Mais c'est vrai, la sécurité des étudiants quand ils quittent la bibliothèque à 23h est plus importante.

A part ces bonnes nouvelles de l'économie sud-africaine, que dire ?
Je vais bien, je finis ma quatrième semaine de cours, j'ai déjà écrit deux essays et j'en ai deux pour la semaine prochaine. J'ai d'ailleurs eu 75% à mon premier essay, ma fierté est infinie.
Depuis hier soir il pleut, il bruine, pour être précise, et c'est la première fois depuis que je suis arrivée (il y a un mois).
Le week-end dernier j'étais à Oppikoppi, un gros festival afrikaner dans les collines du Limpopo. Morgane a conduit 6 heures à l'aller, à peu près autant au retour, on a passé une heure à zigzaguer dans le centre de Johannesburg pour trouver l'autoroute, on s'est perdues 4 fois, on a fini par trouver le festival en suivant des voitures qui, peut-être, y allaient aussi. On a finalement réussi, et, sachant que c'était la première fois que Morgane conduisait à gauche, c'était quand même vraiment pas mal. Ensuite c'était plein d'afrikaners bourrés, de musique et de poussière, soit plutôt cool. J'ai vu Aloe Blacc et Wolfmother et découvert quelques bons groupes : BCUC, Beatbox Campus et The Fishwives. Je me suis aussi fait couper les cheveux gratuitement à un stand Rayban, et je regrette même pas !

Sur ce il ne me reste qu'une demi-heure pour prendre une douche avant d'aller acheter du fromage au Neighbourgoods market avec les filles de l'International House, donc je vais chercher quelques photos pour illustrer tout ça et je me taille.
See you !

Selfie dans la voiture. De gauche à droite : Morgane, Alice, moi et Elly.

 Vues du Limpopo :

Le destin de mes cheveux, tombés à Oppikoppi. RIP.